vendredi 20 décembre 2013

Mobilité, quand tu nous tiens !

Une mobilité professionnelle 
en constante hausse
De par mon métier, je rencontre évidemment, sans doute plus que d'autres, des gens (plus ou moins) prêts à la mobilité.

Précisons dès à présent que la mobilité professionnelle consiste pour une personne, salariée ou non, à changer de poste et/ou de grade, à l'intérieur d' une même branche professionnelle ou dans une autre. Elle peut se réaliser au sein de la même entreprise (on parle de mobilité interne) ou par passage d'une entreprise à une autre, accompagné souvent par une période de chômage (ou mobilité externe). A ne pas confondre avec la mobilité géographique (changement de lieu de travail) bien que ces deux notions soient souvent liées.


Dans mes premiers ateliers sur le transfert de compétences, je recevais beaucoup de personnes du secteur de la communication, particulièrement sinistré en ces temps de crise. En recherche d'emploi depuis un certain temps, elles voulaient diversifier leurs pistes et se reconvertir dans d'autres domaines pour retravailler rapidement. Ainsi, Gaelle, une ex-chargée de communication, est-elle devenue assistante de direction bilingue. Monika, d'origine allemande, s'est tournée, elle, vers la formation pour adultes.

Mais j'ai rencontré aussi des gens d'autres secteurs. Sylvie, par exemple, qui n'a pas quitté son métier d'opticienne, au final, mais a réussi à l'exercer au sein d'une compagnie d'assurances plutôt que de continuer à gérer un magasin. J'en ai même rencontré quelques-uns qui avaient décidé de profiter de cette transition professionnelle pour vivre leur rêve. Aurélie, après une dizaine d'année dans le marketing, ou Myriam, ancienne graphiste, sont devenues respectivement professeur des écoles et professeur de dessin. Thierry a quitté la banque pour un CAP de cuisine dans une école réputée afin de pouvoir ouvrir son propre restaurant.

Subie (le cas que je rencontre le plus souvent) ou volontaire, la mobilité professionnelle semble en tout cas en hausse. Pour deux raisons essentielles : tout d'abord, bien sûr, la montée du chômage mais aussi, de plus en plus, la quête d’une réalisation de soi à travers le travail.   
La crise de l’emploi entraîne une fragilisation de la relation salariale et une vulnérabilité accrue au chômage. Selon la DARES (Direction de l'Animation de la Recherche, des Etudes et des Statistiques du ministère du Travail et de l'Emploi), la mobilité professionnelle, en particulier externe, est passée de 12 % en 1975 à 16,5 % en 2001 puis s’est stabilisée à un niveau élevé de 18,6 % en 2009. Pour ces précaires, la mobilité est intense : elle s’accompagne une fois sur deux d’un changement de profession. Par ailleurs, environ un tiers des chômeurs qui retrouvent un emploi changent de métier et de qualification.

Certaines catégories de populations sont davantage sujettes aux mobilités professionnelles. Et, tout d'abord, les jeunes car cycle de vie et mobilité sont liés : quelle que soit sa forme, la mobilité décroît avec l’âge. Concernant la mobilité externe, le turn-over est quatre fois plus élevé chez les moins de 30 ans que chez leurs aînés. Côté mobilité interne, les jeunes sont loin d’être en reste : désormais, l’ascension au sein de l’entreprise se fait beaucoup plus tôt, grâce à un mode de promotion accordant une plus grande part au diplôme.  Reste que l’on peut interpréter ce mouvement comme une simple forme de compensation du déclassement à l’embauche, de plus en plus fréquent parmi les jeunes entrant sur le marché du travail.

Les femmes se montrent également particulièrement mobiles, mais malheureusement c’est surtout vers le chômage (ou l’inactivité) que se font leurs transitions. Elles connaissent en effet moins de mobilité externe, moins de mobilité interne (notamment moins de promotions !). Avoir des enfants, surtout en bas âge, a un impact négatif sur leur carrière (arrêt d’activité, passage à temps partiel, chômage).

Enfin, le niveau de qualification est déterminant. Moins on est qualifié, plus on est exposé à la mobilité externe et au chômage que les cadres, tandis que ces derniers sont plus concernés par la mobilité interne. Enfin, les salariés de forte ancienneté sont moins soumis à la mobilité externe que ceux récemment embauchés, parce que leur départ aurait un coût plus important pour l’entreprise et une perte en capital humain plus significative.

Au final, aucun de nous n'est à l'abri et nous devons tous nous attendre à être confrontés, un jour ou l'autre, à la mobilité quelle qu'elle soit. En être conscient et nous y préparer nous aident à rebondir le moment venu.

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