mercredi 5 février 2014

De la place du rêve dans le projet professionnel

Quelle place pour vos rêves
 dans votre projet professionnel ?
Vous êtes peut-être de ceux qui se demandent, avec une pointe de frustration, pourquoi ils ne peuvent pas exercer le métier de leurs rêves (sous-entendu : "Les autres en ont le droit et pas moi !"). Au mieux, vous invoquez la malchance. Au pire, si vous êtes en recherche d'emploi, le seul obstacle entre vous et votre désir se confond souvent avec votre conseiller pôle emploi qui met le doigt sur les lacunes de votre projet et vous confronte aux réalités du marché du travail.
Ne lui en veuillez pas : même s'il est maladroit, votre conseiller agit généralement pour votre bien, pour vous éviter un échec qui vous laisserait encore plus déprimé(e). Et aussi parce qu'il est formaté pour vous aider à retrouver un emploi qui vous permette de gagner plus ou moins d'argent et d'être autonome (rien de très séduisant, certes, mais la séduction n'entre pas dans ses attributions !). 

Alors, votre conseiller en oublie parfois quelque peu l'importance du rêve.

Encore faut-il s'entendre sur la place du rêve dans un projet professionnel. Les incompréhensions dans ce domaine ne reposeraient-elles pas sur des malentendus ?

A mon sens, les confusions concernent essentiellement deux aspects des rêves, leur interprétation et le temps dans lequel ils s'inscrivent (je ne reviens pas sur les représentations erronées qui les alimentent trop souvent : c'est un sujet que j'ai déjà traité précédemment).

Certes, pour Freud "le rêve est la satisfaction d'un désir". A ce titre, il devient source d'idée ou d'impulsion, nourrit l'espoir, procure l'énergie pour aller de l'avant. Le rêve se fait alors moteur.

C'est pourquoi, pour ma part, j'encourage toujours les gens à aller jusqu'au bout de leurs désirs... jusqu'à un certain point !
Ainsi, dans mon atelier sur le "Transfert de compétences", nous réalisons le fameux exercice sur les métiers rêvés, généralement source - hélas ! - du premier malentendu. Vous pouvez le faire tout seul si vous le souhaitez. Enfant, vous aviez certainement un métier, voire plusieurs, dont vous rêviez : pompier, danseur, policier, médecin, écrivain... et toute la liste des stéréotypes symboles de créativité, d'utilité ou de prestige. Cela n'a pas d'importance puisqu'ici, il ne s'agit pas  d'être original. Notez soigneusement ceux qui vous viennent à l'esprit même si vos désirs ont été, et continuent à être, contrariés par les aléas de la vie. Indiquez aussi ce qui vous attirait dans ces métiers.

A ce moment, je vous entends me dire (ou penser très fort !), comme beaucoup  : " C'est inutile ! Comment pourrais-je être danseur(se) étoile aujourd'hui avec mon arthrite ? ". Ou " Comment envisager 10 ans d'études de médecine avec mes trois enfants en bas âge ? " (pourquoi pas, d'ailleurs, mais ce n'est pas le sujet du jour).

En réagissant de la sorte, vous vous trompez dans l'interprétation du rêve. Il ne s'agit de prendre le métier au sens littéral : ce qui est intéressant, en l'occurrence, ce sont les valeurs sous-jacentes qui sont véhiculées (honnêteté, respect,  discipline, loyauté, partage, compassion, autonomie,  etc.), celles qui vous correspondent, vous animent, sont essentielles à vos yeux. Elles sont enracinées dans votre enfance et se traduisent dans vos attitudes, dans vos comportements et généralement dans ce que vous accomplissez.

Affirmer vos valeurs consiste à les mettre en cohérence avec vos principes de vie et vos actions. Si c'est le cas dans votre métier actuel, alors vous avez en grande partie réalisé votre rêve, simplement sous une forme différente et peut-être sans le savoir.

Une deuxième méprise, encore plus fréquente, consiste à confondre le temps du rêve et le temps réel. Ce qui est possible avec le rêve, grâce auquel on se projette immédiatement dans un avenir plus ou moins lointain, demande des mois, voire des années, dans le monde réel. Certains ont parfois du mal à l'accepter ou même à le concevoir. Trop de personnes veulent tout, tout de suite, et de préférence par un coup de baguette magique !

Le cas le plus extrême que j'ai rencontré dans ce domaine est sans doute celui de Corinne qui, forte d'une courte et ancienne expérience comme agent d'entretien dans les hôpitaux, a décidé il y a longtemps d'être assistante mortuaire à l'institut médico-légal de Paris. Mais elle souhaite être embauchée directement et se refuse à passer des concours ou à faire une formation pourtant incontournable, actions inutiles et beaucoup trop longues selon elle. Elle postule régulièrement à ce poste et se heurte à des refus, tout aussi régulièrement. Bilan : elle a passé plus d'années à attendre et à essuyer des rejets que si elle avait décidé de suivre la voie normale. Bien entendu, elle ne comprend pas pourquoi elle ne parvient pas à réaliser son rêve et en conçoit beaucoup d'amertume.

Ne faites pas comme Corinne ! Si votre rêve vous semble trop éloigné, examinez toutes les stratégies qui vous aideront à vous en rapprocher. Découpez au besoin votre projet en plusieurs étapes et acceptez d'emprunter, si nécessaire, des voies détournées.

Donnez-vous les moyens d'atteindre votre rêve, ce qui suppose des efforts et des sacrifices la plupart du temps. Mais si votre choix est  mûrement réfléchi et votre plan d'action soigneusement établi, alors lancez-vous ! Vous aurez enfin une chance d'être à votre place, en congruence avec vos aspirations profondes.

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