samedi 23 juillet 2016

Coaching ou thérapie ?

Coaching ou thérapie ?
Coaching ou thérapie ?
Quand je commence à accompagner une personne dans son projet, je lui explique toujours que je m'en tiens au champ professionnel et que le domaine personnel, "psy" si vous préférez, n'est pas vraiment de mon ressort. La plupart des gens sont d'accord car ils n'éprouvent ni le besoin ni l'envie d'entreprendre une thérapie. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils s'adressent à moi ou à quelqu'un comme moi. 

Néanmoins, je les préviens aussi que la réflexion qu'ils vont mener peut les conduire à s'interroger sur des sujets plus intimes et plus dérangeants parfois, un projet professionnel étant souvent englobé dans un projet de vie plus vaste. En général, les mêmes repoussent ma mise en garde avec un certain dédain, me laissant entendre qu'ils ne vont pas se laisser déstabiliser pour si peu... 

Et pourtant !

Il est difficile, en effet, de travailler sur votre transition professionnelle sans qu'à un moment ou un autre, des éléments beaucoup plus personnels remontent à la surface. Si vous n'avez pas laissé cicatriser certaines blessures antérieures notamment, vous risquez d'être secoué plus que vous ne l'imaginiez par des réflexions pourtant bénignes en apparence. D'où l'importance d'être au clair avec vous-même et d'avoir réglé tous les problèmes en suspens, y compris ceux qui semblent n'avoir aucun rapport avec le travail comme un divorce ou un deuil par exemple.

Surtout si votre réflexion intervient lors d'un licenciement, vous vous retrouvez souvent fragilisé. Du coup, vous voyez ressortir des traumatismes que vous pensiez pourtant avoir dépassés ou que vous ignoriez même complètement.

Rappelez-vous qu'un projet professionnel vous invite à vous interroger sur vos valeurs et sur vos intérêts donc à réfléchir sur vous, d'où vous venez et où vous souhaitez aller. Vous pouvez alors être confronté à des réalités qui vous mettent mal à l'aise parce que vous n"y avez jamais vraiment réfléchi sous cet angle.

Prenons l'exemple de Michel, cadre supérieur dans l'informatique (j'ai modifié volontairement le nom et le domaine d'activité). Lors de notre travail ensemble, j'ai abordé l'exercice très courant qui consiste à dresser la liste des expériences réussies. Cette approche - que j'ai utilisée des dizaines de fois avec succès -  permet en général de "re-booster" des gens qui ont perdu confiance en eux en les faisant s'appuyer sur des éléments concrets et positifs. Ils sont ainsi mieux armés pour progresser, avec une meilleure image d'eux-mêmes. 

Cette fois, l'exercice a bien failli tourner au fiasco (je ne suis pas sûre qu'il ait réussi d'ailleurs !). Michel s'est soudain demandé s'il avait réellement réussi quoi que ce soit (alors qu'il a occupé plusieurs postes prestigieux à responsabilités) et a eu beaucoup de difficultés à décrire des situations appropriées. Il s'est donc senti plutôt mal (et moi aussi par voie de conséquence !), ce qui n'était évidemment pas le but recherché... Non qu'il ait manqué de succès par le passé mais il n'est tout simplement pas en état de les discerner ni de les prendre en compte du fait, entre autres, d'une dépression passagère. Inutile de vous dire que nous ne sommes pas au bout de nos peines, ni lui, ni moi !

Si, comme Michel, vous vous sentez dans un état d'esprit négatif, où tout vous parait sombre, n'hésitez pas à vous faire aider. Une tierce personne (thérapeute ou coach en insertion professionnelle ou les deux !) vous apportera l'objectivité et la distance qui vous manquent. Elle vous aidera à positiver à nouveau. Pas à pas, petite expérience par petite expérience (mais il n'y en a aucune de négligeable), vous réaliserez que vous avez beaucoup plus de réussites à votre actif et de compétences que vous ne le pensiez.

Attention donc aux perturbations inattendues qu'engendre parfois un travail sur soi. Il peut paraitre superficiel à première vue mais, finalement, s'avère vite déstabilisant. Assurez-vous que vous êtes dans de bonnes dispositions psychologiques (certains tests sur les compétences comme Transférence demandent d'ailleurs quelle est votre humeur avant de commencer !). Sinon faites-vous accompagner ou remettez votre démarche à plus tard.

1 commentaire:

  1. Lecture intéressante décrivant un phénomène très vrai.
    L'inverse est vrai et le travail thérapeutique, qui n'a pas pour but d'interférer avec la vie professionnelle du sujet produit, ce n’est pas rare, des effets dans ce domaine (parfois non souhaités au départ, ou de remise en cause de ce que l'on fait...)
    On cloisonne toujours (vacances/travail, vie professionnelle/vie personnelle, soi social/soi privé, etc... et ici ce sont les problématiques de recherche professionnelle que l'on voudrait isoler de ses problématiques privées (ce qui est une résistance protectrice, légitime d’ailleurs). Or la personne, celle qui s'exprime en termes de "Je" est un tout. Et ce que l'on cache derrière la porte (ou que l'on ne veut pas voir ou montrer) a tendance a s'échapper par la fenêtre (ou pointe son nez sous un autre déguisement).
    Il ne s'agit pas bien sûr de le traiter les questions personnelles pendant le travail de coaching d’emploi, mais de prendre conscience du sens que le "symptôme" privé donne aux difficultés rencontrées dans sa recherche. Ce seul fait peut parfois débloquer des ressources gelées dans la personne.

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